Un couple, pourquoi faire ?
Il est frappant que la création de la femme survienne pour combler un manque (Source 1) : l’Adam ne doit pas être seul, car ce n’est pas bon pour lui. Que signifie cette évolution, dans la pensée même de Dieu ?
Le midrash très connu qui relate la création originelle d’une créature androgyne s’opposerait ensuite à la nécessité de diviser cet être : une créature entière, pleine, complète voit sa perfectibilité limitée, elle est déjà “parfaite”. Elle n’a donc pas de possibilité d’avancer, de s’améliorer, d’évoluer. Une telle créature n’a pas d’égal, donc nulle confrontation avec une altérité ne lui est possible. Adam nomme les animaux et a donc un pouvoir sur eux, une relation inégale au départ, créature égocentrée malgré elle, faute de possibilités. Le midrash rajoute que lorsque le verset parle de “nommer”, cela signifie qu’Adam a eu des relations sexuelles avec tous les animaux, sans qu’il en soit satisfait. Le besoin de l’altérité, selon ce Midrash, ne viendrait pas répondre à de simples pulsions sexuelles puisqu’il pouvait les satisfaire avec le reste du règne animal; c’est un besoin plus profond.
Dieu décide de lui créer un “Ezer Kenegdo” : que veut dire ce terme ?
Une bonne aide ou une aide contre lui ? Le Talmud nous enseigne que cela dépend de la conduite de l’homme, s’il est méritant sa femme sera avec lui, et sinon contre lui. Mais déjà est présent la nécessité d’une interaction avec un Autre, qui comme on l’a dit n’existe pas pour satisfaire un besoin pulsionnel de l’homme mais pointe vers autre chose. Par contre, il est vrai que cette création est toujours marquée par une certaine hiérarchie : la femme est créée pour l’Adam. Cette relation inégale de départ est-elle forcément voulue ? Selon une interprétation du GR Bernheim, pas forcément : la première erreur d’Adam est commise lors de la création de la femme, lorsqu’il s’écrie “ c’est la chair de ma chair”, c’est à dire lorsqu’il refuse de reconnaître véritablement un Autre dans la personne de Isha. Il la nomme sans qu’on le lui ordonne, se l’approprie et la définit comme une forme semblable, pipant ainsi les dés et déstabilisant la relation première. Mais la possibilité de réparer cette faute existe, et elle se trouve dans le verset d’après (Genese 2,24) et le commentaire de Rashi : “Ainsi l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, pour qu’ils ne forment qu’une seule chair”. Rashi explique qu’“une seule chair” signifie “un enfant”. Ainsi, l’homme qui ne pouvait reconnaître l’altérité première de Isha se trouve obligé de créer cette altérité pure avec son aide : un enfant est un autre être avec son propre corps, ADN, etc… Cette altérité ne se suffit pas en elle-même, il faut entendre que faire un enfant sans l’éduquer ne vaut pas grand chose : c’est l’éducation et le devenir de cet enfant qui sont décisifs et véritablement au centre. Former une chair c’est être tournés à deux vers un projet de vie et d’éducation, et c’est dans deux domaines que se joue le couple : la relation et la direction.
Pour approfondir cette notion de projet à travers l’enfant, nous pouvons nous tourner vers sa face “négative”, c’est à dire l’interdiction du mariage avec une personne non juive : ce que la Torah va nous dire qu’il manque à la relation nous permettra alors de mieux saisir les enjeux du couple juif.
Si avoir un enfant est projet éducatif, alors avoir un enfant qui ne recevra pas une éducation juive est le non-projet par excellence, d’où l’interdiction très forte du texte biblique (Deutéronome 7, 3 et 4) “ Ne t'allie avec aucun d'eux: ta fille, ne la donne pas à son fils, et sa fille, n'en fais pas l'épouse du tien! Car il détacherait ton fils de moi, et ils adoreraient des divinités étrangères, et la colère du Seigneur s'allumerait contre vous, et il vous aurait bientôt anéantis.”
Le problème ici ne semble pas être celui de l’identité biologique de l’enfant mais au contraire, qu’il en arrive à “servir d’autres dieux” à cause de l’influence néfaste qu’aura l'idolâtre sur l’éducation de l’enfant; le Talmud (Yevamot 76a) enfonce le clou en disant :
אמר רבא אטו התם משום קדושה ולאו קדושה הוא דלמא מוליד בן ואזיל פלח לעבודת כוכבים וה"מ בהיותן עובדי כוכבים כי מגיירי בישראל שרו
Rava dit : L’interdiction (du mariage mixte) est-elle une question de sainteté (kedusha) ? Non, c’est à cause du fait que nous craignons que le couple mixte aura un enfant qui finira par servir les idoles. Cette interdiction s’applique à tous les non-juifs, mais s’ils se convertissent alors on peut se marier avec eux.”
Difficile de trouver un point de vue moins raciste que celui-là : ce n’est pas par “sainteté”, par une idéologie liée au sang pur, impur, sang-de-bourbe, qu’on interdit le mariage avec quelqu’un qui n’est pas juif mais pour une question de valeurs partagées et d’éducation de l’enfant, pour une question liée au projet que l’on cherche à accomplir.
De plus, un autre passage vient dire :
נכרית מנלן אמר קרא (דברים ז, ג) לא תתחתן בם אשכחנא דלא תפסי בה קידושי ולדה כמותה מנלן א"ר יוחנן משום ר"ש בן יוחי דאמר קרא (דברים ז, ד) כי יסיר את בנך מאחרי בנך הבא מישראלית קרוי בנך ואין בנך הבא מן העובדת כוכבים קרוי בנך אלא בנה אמר רבינא ש"מ בן בתך הבא מן העובד כוכבים קרוי בנך
Comment savons-nous que le mariage avec une non-juive n’est pas valide ? Car le verset dit “ne t’allie avec aucun d’eux”. Rabbi Yochanan dit au nom de Rabbi Shimon Ben Yochai : le verset dit “ Car il détacherait ton fils de moi” ; un enfant qui vient d’une femme juive est appelé “ton fils”, mais un enfant qui vient d’une femme non-juive n’est pas appelé “ton fils” mais “son fils”. Ravina dit : on peut déduire d’ici que le fils de ta fille qui vient d’un père non juif est appelé “ton fils”
Lorsqu’il faut déterminer une source pour illustrer le principe de la matrilinéarité, c’est précisément ce verset qui est avancé : celui dont Rava dit qu’il ne parle que de l’éducation. Cette nécessité de transmettre la judéité de manière “naturelle” trouve sa base justement dans le verset parlant de l’importance du projet primant sur la “sainteté” ou le sang. Il est possible de comprendre ça comme un message important des sages du Talmud : il y a une nécessité de transmission d’une “condition”, une existence juive qui n’est qu’un potentiel et dont l’actualisation serait justement l’éducation. Sans cette actualisation, l’enfant perdra l’essence même de son judaïsme, si on comprend l’idolâtrie comme l’antithèse même du projet juif. Avec le récit de la création de Isha et l’interdiction du mariage mixte, la Torah nous livre les deux facettes d’une même pièce : le couple, c’est un projet. C’est ce que Rabbi Akiva vient nous apprendre avec son jeu orthographique dans le Talmud (Sotah 17a) :
דריש ר"ע איש ואשה זכו שכינה ביניהן לא זכו אש אוכלתן אמר רבא ודאשה עדיפא מדאיש (מ"ט) האי מצרף והאי לא מצרף
Rabbi Akiva a enseigné : si un homme (ish) et une femme (isha) sont méritants grâce à un mariage fidèle, la présence divine réside parmi eux.
[ Les mots ish et isha sont presque identiques, la différence entre eux est la lettre du milieu Youd dans Ish et la lettre finale Heh dans isha. Ces deux lettres ensemble forme le nom de Dieu, Yah.]
Mais s’ils ne sont pas méritants, un feu (esh) les consume.
[ En enlevant la lettre du milieu dans Ish et la lettre finale dans Isha, nous nous retrouvons avec Esh, le feu.]
Un homme et une femme qui n’auraient pas “le signe divin” entre eux (un appel vers quelque chose qui les dépasse à l’intérieur même du couple, c’est à dire un projet commun d’éducation, projet de création d’un être qui est Autre et qu’on amènera vers un accomplissement personnel autre que celui de ses parents), alors le couple deviennt “esh”, feu, se consume car c’est une relation centrée sur elle-même, qui ne construit pas un édifice durable. Elle n’aura que la “relation” et pas la “direction”.
Comment la Torah et les Sages perçoivent-ils la relation idéale ? Y’a t-il eu une évolution ?
Commençons par le Rambam :
Mishné Torah, Mariage, 1;1.
1) Avant le don de la Torah, si un homme rencontrait une femme au marché et ils désiraient se marier, il l’amenait dans sa maison et consommait le mariage en privé, et elle devenait sa femme. Une fois la Torah donnée, si un homme voulait épouser une femme, le peuple d’Israel était obligé de l’acquérir d’abord devant des témoins, et seulement après elle devenait sa femme. Comme il est dit “ Lorsqu’un homme prends une femme et vient vers elle…” (Deutéronome 22:13)
2) Et prendre une femme est un commandement positif de la Torah. Et une femme est acquise par trois moyens : de l’argent, un contrat, ou une relation…[...]
Pour le Rambam, la Torah a sublimé un besoin et désir naturel : les gens ont toujours cherché à créer un couple, un foyer, une famille. Mais ce n’était pas ritualisé, religieusement ou civilement. Une simple rencontre et désir suffisait. Mais l’arrivée de la Torah rajoute une étape supplémentaire.
En en faisant un commandement, nous changeons de perspective. Ce n’est pas une étape facultative selon l’envie, c’est un passage obligatoire dans la vie d’un homme, une nécessité pour mener une vie entière; c’est aussi désormais rentré dans le cadre de la Loi “Halakha”, et ça s’officialise non pas juste par une relation sexuelle dans le cadre privé, mais elle est actée par des témoins et la signature d’un contrat. C’est à dire que la Torah change les modalités même de la création du couple et de la relation, et nous oblige à l’approfondir au-delà du simple désir sexuel qu’on éprouve envers un homme ou une femme qu’on rencontre au marché.
C’est la première étape. Mais reste quelque chose qui nous apparaît comme un problème : la femme est toujours considérée comme une propriété ! Est-ce ici un idéal de relation ?
מתני׳ לעולם היא ברשות האב עד שתכנס
Une femme est toujours sous l’autorité de son père jusqu’à ce qu’elle entre
לרשות הבעל לנשואין
sous l’autorité de son mari dans le cadre du mariage.
Elle passe de l’autorité de son père à celle de son mari : pas vraiment l’idéal relationnel qu’un couple du XXIe siecle se fait. Seulement, il ne faut pas s’arreter à cet élément. Tout d’abord, la Torah bien qu’intemporelle est écrite dans un certain langage, nous ne pouvons exiger d’elle de façon anachronique un langage formel différent de l’époque dans laquelle elle s’inscrit. De plus, il suffit de se pencher sur les apports des Sages pour constater la conscience qu’ils avaient de certaines problématiques; ainsi, alors que la Torah (Deutéronome 24, 5) dit :
(ה) כִּֽי־יִקַּ֥ח אִישׁ֙ אִשָּׁ֣ה חֲדָשָׁ֔ה לֹ֤א יֵצֵא֙ בַּצָּבָ֔א וְלֹא־יַעֲבֹ֥ר עָלָ֖יו לְכָל־דָּבָ֑ר נָקִ֞י יִהְיֶ֤ה לְבֵיתוֹ֙ שָׁנָ֣ה אֶחָ֔ת וְשִׂמַּ֖ח אֶת־אִשְׁתּ֥וֹ אֲשֶׁר־לָקָֽח׃ (ס)
When a man has taken a bride, he shall not go out with the army or be assigned to it for any purpose; he shall be exempt one year for the sake of his household, to give happiness to the woman he has married.
La Torah donne ainsi une obligation à l’homme de réjouir sa femme, les sages vont bien plus loin (Ketubot 61b) :
7
מתני׳ המדיר את אשתו מתשמיש המטה ב"ש אומרים שתי שבתות בית הלל אומרים שבת אחת התלמידים יוצאין לתלמוד תורה שלא ברשות שלשים יום הפועלים שבת אחת העונה האמורה בתורה הטיילין בכל יום הפועלים שתים בשבת החמרים אחת בשבת הגמלים אחת לשלשים יום הספנים אחת לששה חדשים דברי רבי אליעזר:
MISHNA: With regard to one who vows that his wife may not derive benefit from marital relations with him, Beit Shammai say: He may maintain this situation for up to two weeks, but beyond that he must divorce her and give her the payment for her marriage contract. Beit Hillel say: He must divorce her if it continues beyond one week. Apropos the husband’s obligation to his wife regarding marital relations, the Gemara mentions other aspects of this issue: Students may leave their homes and travel in order to learn Torah without their wives’ permission for up to thirty days, and laborers may leave their homes without their wives’ permission for up to one week. The set interval defining the frequency of a husband’s conjugal obligation to his wife stated in the Torah (see Exodus 21:10), unless the couple stipulated otherwise, varies according to the man’s occupation and proximity to his home: Men of leisure, who do not work, must engage in marital relations every day, laborersmust do so twice a week, donkey drivers once a week, camel drivers once every thirty days, and sailors once every six months. This is the statement of Rabbi Eliezer.
Réjouir sa femme est interprété comme un véritable devoir d’avoir des relations sexuelles : selon son métier, un homme doit être attentif aux besoins de sa femme et les combler. On s’éloigne déja d’une relation qui ne serait que l’acquisition d’une propriété. Mais cela va encore plus loin et le Shulkhan Arukh codifie 10 devoirs qu’un homme a envers sa femme :
(1) When a man marries a woman, he is obligated to her in ten things, and he merits [is owed] from her in four things, even if it is not written.
(2) These are the ten: her food, her clothing, her regular sexual relations, the core of her Ketubah, her healing, to redeem her if she is captured, her burial, that she be sustained from his possessions and live in his house after his death the whole time she is a widow, that her children be sustained after his death until they are engaged, that her sons from him inherit her ketubah more than their portion of inheritance that is with their siblings.
Si cette relation demeure inégale sur le plan légal, elle ne donne pas l’impression qu’il est question du rapport entre un homme et sa propriété : s’occuper d’une femme est décidément plus contraignant que de s’occuper d’une plante verte. Les rabbins ont saisi un message de la Torah sur le mariage et l’ont exploité et développé. Sur le plan légal, la Torah et les sages sont de leur temps, mais derrière se cache un message qui était beaucoup plus avancé, et cela continue : l’invention de la Ketuba (le contrat de mariage) qui engage l’homme à subvenir aux besoins de la femme et qui permet dans le cas d’un divorce que la femme ne se retrouve pas sans rien, ou la procédure rabbinique permettant à des frères orphelins de marier leur sœur mineur pour qu’elle soit prise en charge, tout en lui laissant la possibilité à sa majorité de partir de ce mariage.
On peut aussi le comparer aux écrits grecs de l’époque pour avoir une idée du décalage :
“Démosthène : « Les courtisanes (hétaïres) nous les avons pour le plaisir, les concubines (pallaké) pour les soins de tous les jours, les épouses (guné) pour avoir une descendance légitime et une gardienne fidèle du foyer
De l’autre côté, c’est une autre affaire : obligations sur obligations, voire meme de jouissance. L’épouse entend être tout à la fois. C’est un contrat qui nous parle peut-être moins aujourd’hui, mais qui est très progressiste pour l’époque.
On ressent le profond décalage entre les deux cultures, ce qui confirme que nous avons bien fait de ne pas nous arrêter à la formulation légale.
Grâce à notre analyse, il est possible d’isoler une dynamique rabbinique qui irait vers une constante amélioration de la vie de ses sujets (en sens lévinassien de “sujétion”, c’est-à-dire d’obligation, en l’occurrence, halakhique), et donc de la condition des personnes engagées dans un mariage. On peut s’interroger sur les rites du mariage qui nous permettraient de mieux montrer les changements éthiques de la société tout en pouvant dire “KeDat MOshe VeIsrael”, en gardant la dynamique que les rabbins ont fixée. L’important est de comprendre qu’il n’est pas question d’un modèle figé mais d’un esprit à parfaire : le projet, le dépassement est possible grâce à des bases saines, car les rabbins du Talmud l’ont fait avant nous.
On a un projet théorique, qu’on voit à travers les sources bibliques, et on a une mise en pratique à travers le Talmud.
Les éléments principaux qu’on isole alors sont :
L’enfant (la première injonction, (Béréshit 9,7) « Et vous, fructifiez et multipliez )
Que nous avons expliquée en tant que projet de vie et d’éducation.
Et le couple, que nous avons expliqué en tant que relation qui oblige les conjoints l’un envers l’autre. Avant, l’homme était en position de domination et avait donc plus d’obligations envers sa femme; aujourd’hui il est possible de dire qu’au sein d’une relation égale, les deux sont tout autant obligés l’un envers l’autre et doivent être attentifs aux besoins de leur partenaire.
Imaginons un cercle, dans lequel l’intérieur représenterait la relation et l’extérieur le projet, la direction. Le défi du couple est de trouver cet équilibre entre les deux. Avec un seul des deux on tourne en rond sans construire, ou on construit sur des bases extrêmement fragiles qui ne résistent pas à l’épreuve du temps. Les rabbins, en intégrant cette dimension dans les commandements, loin de nous restreindre dans notre liberté nous font un grand cadeau : puisque cela rentre dans la halakha, alors nous sommes obligés de constamment l’interroger comme nous interrogeons chacun des autres commandements. J’interroge le pourquoi de la prière et je dois toujours avoir une “kavana”, cad une intention, la recherche du sens des mots et de leur portée. Alors de même, dans la “halakha” du couple, je dois m’interroger sur le sens de mon couple et sa portée, la direction vers laquelle il se dirige.
Sources complémentaires
Tout commence là
(יח) וַיֹּ֙אמֶר֙ יְהוָ֣ה אֱלֹהִ֔ים לֹא־ט֛וֹב הֱי֥וֹת הָֽאָדָ֖ם לְבַדּ֑וֹ אֶֽעֱשֶׂהּ־לּ֥וֹ עֵ֖זֶר כְּנֶגְדּֽוֹ׃
(18) The LORD God said, “It is not good for man to be alone; I will make a fitting helper for him.”
La premiere erreur : refus de reconnaitre l’autre
(כא) וַיַּפֵּל֩ יְהוָ֨ה אֱלֹהִ֧ים ׀ תַּרְדֵּמָ֛ה עַל־הָאָדָ֖ם וַיִּישָׁ֑ן וַיִּקַּ֗ח אַחַת֙ מִצַּלְעֹתָ֔יו וַיִּסְגֹּ֥ר בָּשָׂ֖ר תַּחְתֶּֽנָּה׃ (כב) וַיִּבֶן֩ יְהוָ֨ה אֱלֹהִ֧ים ׀ אֶֽת־הַצֵּלָ֛ע אֲשֶׁר־לָקַ֥ח מִן־הָֽאָדָ֖ם לְאִשָּׁ֑ה וַיְבִאֶ֖הָ אֶל־הָֽאָדָֽם׃ (כג) וַיֹּאמֶר֮ הָֽאָדָם֒ זֹ֣את הַפַּ֗עַם עֶ֚צֶם מֵֽעֲצָמַ֔י וּבָשָׂ֖ר מִבְּשָׂרִ֑י לְזֹאת֙ יִקָּרֵ֣א אִשָּׁ֔ה כִּ֥י מֵאִ֖ישׁ לֻֽקֳחָה־זֹּֽאת׃
(21) So the LORD God cast a deep sleep upon the man; and, while he slept, He took one of his ribs and closed up the flesh at that spot. (22) And the LORD God fashioned the rib that He had taken from the man into a woman; and He brought her to the man. (23) Then the man said, “This one at last Is bone of my bones And flesh of my flesh. This one shall be called Woman, For from man was she taken.”
יבמות ס״ג א:ג׳ ואמר רבי אלעזר מאי דכתיב (בראשית ב, יח) אעשה לו עזר כנגדו זכה עוזרתו לא זכה כנגדו ואיכא דאמרי ר' אלעזר רמי כתיב כנגדו וקרינן כניגדו זכה כנגדו לא זכה מנגדתו Yevamot 63a:3 And Rabbi Elazar said: What is the meaning of that which is written: “I will make him a helpmate for him [kenegdo]” (Genesis 2:18)? If one is worthy his wife helps him; if he is not worthy she is against him. And some say a slightly different version: Rabbi Elazar raised a contradiction: It is written in the Torah with a spelling that allows it to be read: Striking him [kenagdo], and we read it as though it said: For him [kenegdo]. If he is worthy she is for him as his helpmate; if he is not worthy she strikes him.
C'était donc ça
(כד) עַל־כֵּן֙ יַֽעֲזָב־אִ֔ישׁ אֶת־אָבִ֖יו וְאֶת־אִמּ֑וֹ וְדָבַ֣ק בְּאִשְׁתּ֔וֹ וְהָי֖וּ לְבָשָׂ֥ר אֶחָֽד׃
(24) Hence a man leaves his father and mother and clings to his wife, so that they become one flesh.
Réparation : créer un autre
(ב) לבשר אחד. הַוָּלָד נוֹצָר עַל יְדֵי שְׁנֵיהֶם וְשָׁם נַעֲשֶׁה בְשָׂרָם אֶחָד (שם נ"ח):
(2) לבשר אחד ONE FLESH — Both parents are united in the child.
Pourquoi se marier et pourquoi ne pas se marier
(ג) וְלֹ֥א תִתְחַתֵּ֖ן בָּ֑ם בִּתְּךָ֙ לֹא־תִתֵּ֣ן לִבְנ֔וֹ וּבִתּ֖וֹ לֹא־תִקַּ֥ח לִבְנֶֽךָ׃
(ד) כִּֽי־יָסִ֤יר אֶת־בִּנְךָ֙ מֵֽאַחֲרַ֔י וְעָבְד֖וּ אֱלֹהִ֣ים אֲחֵרִ֑ים וְחָרָ֤ה אַף־יקוק בָּכֶ֔ם וְהִשְׁמִידְךָ֖ מַהֵֽר׃
(3) neither shalt thou make marriages with them: thy daughter thou shalt not give unto his son, nor his daughter shalt thou take unto thy son. (4) For he will turn away thy son from following Me, that they may serve other gods; so will the anger of the LORD be kindled against you, and He will destroy thee quickly.
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Pas racial mais projet
אמר רבא אטו התם משום קדושה ולאו קדושה הוא דלמא מוליד בן ואזיל פלח לעבודת כוכבים וה"מ בהיותן עובדי כוכבים כי מגיירי בישראל שרו
Rava, is the reason for the prohibition “do not intermarry with them” a matter of sanctity? Rather, it is out of fear that the intermarried couple will have a child who will worship idolatry. This prohibition against intermarriage applies only against non-Jews, but if they convert, they are allowed for marriage.
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נכרית מנלן אמר קרא (דברים ז, ג) לא תתחתן בם אשכחנא דלא תפסי בה קידושי ולדה כמותה מנלן א"ר יוחנן משום ר"ש בן יוחי דאמר קרא (דברים ז, ד) כי יסיר את בנך מאחרי בנך הבא מישראלית קרוי בנך ואין בנך הבא מן העובדת כוכבים קרוי בנך אלא בנה אמר רבינא ש"מ בן בתך הבא מן העובד כוכבים קרוי בנך
How do we know that marriage with a non-Jew is not viable? The verse says “do not intermarry with them,” we see that marriage to a non-Jew is not viable. Rabbi Yochanan says in the name of Rabbi Simon ben Yochai, the verse says “for he will turn your children away from Me” -- A child who comes from a Jewish woman is called “your child”; A child who comes from a non-Jewish woman is not called “your child” but “her child.” Ravina says, we conclude from here that the son of your daughter who comes from a non-Jewish father is called “your son.”
Le Feu
דריש ר"ע איש ואשה זכו שכינה ביניהן לא זכו אש אוכלתן אמר רבא ודאשה עדיפא מדאיש (מ"ט) האי מצרף והאי לא מצרף
§ Rabbi Akiva taught: If a man [ish] and woman [isha] merit reward through a faithful marriage, the Divine Presence rests between them. The words ish and isha are almost identical; the difference between them is the middle letter yod in ish, and the final letter heh in isha. These two letters can be joined to form the name of God spelled yod, heh. But if due to licentiousness they do not merit reward, the Divine Presence departs, leaving in each word only the letters alef and shin, which spell esh, fire. Therefore, fire consumes them. Rava said: And the fire that consumes the woman is stronger and more immediate than that which consumes the man. What is the reason for this? The letters alef and shin in the word isha are adjacent, joined together, but in the word ish they are not joined, as the letter yod is written between them.
Le refus du projet
(מלאכי ב, טז) כי שנא שלח ר' יהודה אומר אם שנאתה שלח ר' יוחנן אומר שנאוי המשלח ולא פליגי הא בזוג ראשון הא בזוג שני דאמר ר' אלעזר כל המגרש אשתו ראשונה אפילו מזבח מוריד עליו דמעות שנאמר (מלאכי ב, יג) וזאת שנית תעשו כסות דמעה את מזבח ה' בכי ואנקה מאין [עוד] פנות אל המנחה ולקחת רצון מידכם ואמרתם על מה על כי ה' העיד בינך ובין אשת נעוריך אשר אתה בגדתה בה והיא חברתך ואשת בריתך:
§ The prophet Malachi states in rebuke of those who divorce their wives: “For I hate sending away, says the Lord, the God of Israel” (Malachi 2:16). Rabbi Yehuda says: The verse means that if you hate your wife, send her away. Do not continue living with a woman whom you hate. Rabbi Yoḥanan says: The verse means that one who sends his wife away is hated by God. And the Gemara explains that they do not disagree.
(1) Before the giving of the Torah, it would be that if a man happened upon a woman in the marketplace and they wanted to marry each other, he would bring her into his house and consummate the marriage between them privately, and she would be his wife. Once the Torah was given, Israel was commanded that if a man wanted to marry a woman, he would acquire her first through witnesses, and afterwards she would be his wife, as it says, "When a man takes a woman and comes (sleeps with) to her..." (Deuteronomy 22:13).
(2) And taking a wife as such is a positive commandment of the Torah. And a woman is acquired through three means: money, a contract, or through intercourse. Marriage through intercourse and by contract is from the Torah, and by money is Rabbinical [lit. "the words of the Scribes"]. And this acquisition is what is called "Kiddushin" or "Eirusin" in several places. And a woman who is acquired through one of these three means is called a "Mekudeshet" or "Meureset".
Est ce perçu comme une simple transaction ?
מתני׳ לעולם היא ברשות האב עד שתכנס
MISHNA: Even after she is betrothed, a daughter is always under her father’s authority until she enters
לרשות הבעל לנשואין
her husband’s authority in marriage via the wedding canopy.
לרשות הבעל לנשואין - כלומר שתכנס לחופה לשם נשואין שתהא מסורה לרשות הבעל:
To the territory of the Husband for Nisuin: I.e. that you bring her to the Chuppah (Marriage Canopy) for the purpose of Nisuin, so that she can enter into the territory of the husband.
Des obligations
(1) When a man marries a woman, he is obligated to her in ten things, and he merits [is owed] from her in four things, even if it is not written.
(2) These are the ten: her food, her clothing, her regular sexual relations, the core of her Ketubah, her healing, to redeem her if she is captured, her burial, that she be sustained from his possessions and live in his house after his death the whole time she is a widow, that her children be sustained after his death until they are engaged, that her sons from him inherit her ketubah more than their portion of inheritance that is with their siblings.
7
מתני׳ המדיר את אשתו מתשמיש המטה ב"ש אומרים שתי שבתות בית הלל אומרים שבת אחת התלמידים יוצאין לתלמוד תורה שלא ברשות שלשים יום הפועלים שבת אחת העונה האמורה בתורה הטיילין בכל יום הפועלים שתים בשבת החמרים אחת בשבת הגמלים אחת לשלשים יום הספנים אחת לששה חדשים דברי רבי אליעזר:
MISHNA: With regard to one who vows that his wife may not derive benefit from marital relations with him, Beit Shammai say: He may maintain this situation for up to two weeks, but beyond that he must divorce her and give her the payment for her marriage contract. Beit Hillel say: He must divorce her if it continues beyond one week. Apropos the husband’s obligation to his wife regarding marital relations, the Gemara mentions other aspects of this issue: Students may leave their homes and travel in order to learn Torah without their wives’ permission for up to thirty days, and laborers may leave their homes without their wives’ permission for up to one week. The set interval defining the frequency of a husband’s conjugal obligation to his wife stated in the Torah (see Exodus 21:10), unless the couple stipulated otherwise, varies according to the man’s occupation and proximity to his home: Men of leisure, who do not work, must engage in marital relations every day, laborersmust do so twice a week, donkey drivers once a week, camel drivers once every thirty days, and sailors once every six months. This is the statement of Rabbi Eliezer.
Attentif au besoin de la femme
אמר רבי יצחק אמר רבי אמי אשה מזרעת תחילה יולדת זכר איש מזריע תחילה יולדת נקבה שנאמר (ויקרא יג, כט) אשה כי תזריע וילדה זכר
Rabbi Yitzhak quoted Rabbi Ami: If the woman bears seed first, she will birth a male; if the man bears seed first she will bear a female, as it says, "A woman, when she bears seed and births a male" (Vayikra 12:2).
Neither sexual organs nor sexual intercourse are obscene, for how could God create something that contains an obscenity? God created man and woman, and all their organs and functions, with nothing obscene in them. We believe that God created nothing containing either ugliness or obscenity.
-Iggeret ha-Kodesh, 13 C.
Sexual intercourse is an action that is important, good and valuable to the soul also, and there is no act of flesh and blood that compares with it – if it is done with pure intention and a pure, clean mind, then it is called holy.Sefer Mor v’Ketziyah
(ה) כִּֽי־יִקַּ֥ח אִישׁ֙ אִשָּׁ֣ה חֲדָשָׁ֔ה לֹ֤א יֵצֵא֙ בַּצָּבָ֔א וְלֹא־יַעֲבֹ֥ר עָלָ֖יו לְכָל־דָּבָ֑ר נָקִ֞י יִהְיֶ֤ה לְבֵיתוֹ֙ שָׁנָ֣ה אֶחָ֔ת וְשִׂמַּ֖ח אֶת־אִשְׁתּ֥וֹ אֲשֶׁר־לָקָֽח׃ (ס)
When a man has taken a bride, he shall not go out with the army or be assigned to it for any purpose; he shall be exempt one year for the sake of his household, to give happiness to the woman he has married.
(יד) תַּשְׁמִישׁ הַמִּטָּה מֵעֹנֶג שַׁבָּת הוּא. לְפִיכָךְ עוֹנַת תַּלְמִידֵי חֲכָמִים הַבְּרִיאִים מְשַׁמְּשִׁין מִלֵּילֵי שַׁבָּת לְלֵילֵי שַׁבָּת.
Sexual relations are considered a dimension of Sabbath pleasure. Therefore Torah scholars fulfill their marital obligations once a week, on the Shabbat.
A man is forbidden to compel his wife to have marital relations…Rabbi Joshua ben Levi similarly stated: Whosoever compels his wife to have marital relations will have unworthy children. - Babylonian Talmud, Eruvin 100b
Aaaaw
פסיקתא דרב כהנה כב:ב
2
מעשה בצידן באחד שנשא אשה ושהא עמה עשר שנים ולא ילדה, אתון לגבי ר' שמעו' בן יוחי למשתבקה, א' לה, כל חפץ שיש לי בתוך ביתי טלי אותו ולכי לבית אביך. א' להם ר' שמעון בן יוחי /ר' שמעון בן יוחאי/ כשם שנזדווגתם מתוך מאכל ומשקה כך אין אתם פורשין זה מזה אלא מתוך מאכל ומשקה. מה עשת, עשת סעודה גדולה ושיכרתו יותר מדיי ורמזה לשפחתה ואמרה להון טלו אותו לבית אבא. בחצי הלילה ניעור משנתו, א' /אמר/ להן, איכן אני נתון, אמרה לו, לא כך אמרתה כל חפץ שיש לי בתוך ביתי טלי אותו ולכי לבית אביך, וכדון הוא אין לי חפץ טוב ממך. כיון ששמע ר' שמעון בן יוחי כך, נתפלל עליהם ונתפקדו.
In Sidon it happened that a man took a wife with whom he lived for ten years and she bore him no children. They came to R. Simeon bar Yohai to be divorced, and the man said to his wife: “Take any precious object I have in my house—take it and go back to your father’s house.” Thereupon, R. Simeon bar Yohai said: “Just as you were wed with food and drink [being served], so you must separate with food and drink [being served].” What did the wife do? She prepared a great feast, gave her husband too much to drink [so that he fell asleep], then she hinted to her maidservants saying, “Take him to my father’s house.” At midnight he woke up from his sleep and asked, “Where am I?” She replied, “Did you not say, ‘Whatever precious object I have in my house—take it and go back to your father’s house?’ I have no object more precious than you.” When Simeon bar Yohai heard what the wife had done, he prayed on the couple’s behalf, and they were brought to heaven's attention (and given a child.) [Translation by Rabbi Steve Greenberg]
Vers l’égalité ?
3
מאי דכתיב (תהלים קיב, ה) טוב איש חונן ומלוה יכלכל דבריו במשפט?לעולם יאכל אדם וישתה פחות ממה שיש לו וילבש ויתכסה במה שיש לו ויכבד אשתו ובניו יותר ממה שיש לו שהן תלויין בו והוא תלוי במי שאמר והיה העולם.
What is meant by the Psalms verse: It is good for a man to be gracious and lend, to order his affairs righteously?
It means that a man should eat and drink less than what he can afford, should dress himself as befits what he can afford, and should honor his wife and children more than he can afford. For they are dependent on him, as he is dependent on the One Who Spoke And Created The World.
ואמר רב כל ההולך בעצת אשתו נופל בגיהנם ... א"ל רב פפא לאביי והא אמרי אינשי איתתך גוצא גחין ותלחוש לה לא קשיא הא במילי דעלמא והא במילי דביתא לישנא אחרינא הא במילי דשמיא והא במילי דעלמא.
Rav said: “Anyone who follows the advice of his wife will wind up in hell!”
...
But Rav Papa said to Abaye, “But people say, ‘If your wife is short, bend down and listen to your wife, and whisper to her.’”
And there is no contradiction between the two: One applies to earthly matters, and the other applies to matters of the household. Another opinion: One applies to words of Heaven, and the other applies to words of the Earth.
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