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Photo du rédacteurÉmile Ackermann

L'étude de la Torah et les femmes

Le responsum du rabbin Shlomo Hacohen Gross


De tout temps, il y eut des femmes érudites dans l’étude de la Torah. Liliane Ackermann en était la preuve, elle qui étudiait, enseignait et écrivit, entre autres, un livre sur l’éducation des femmes. Dans son ouvrage, Le monde juif au féminin. L’histoire d’une éducation de la Bible à nos jours, Liliane avait publié le résumé du responsum datant de 1996 d’un rabbin juif orthodoxe contemporain, vivant aux USA, Shlomo Hacohen Gross, de la communauté des hassidim de Beltz. Ce responsum autorise l’étude de la Torah écrite et orale par les jeunes filles et les femmes, domaine d’où elles avaient été exclues, pour la quasi-majorité d’entre elles, depuis des siècles, les femmes n’ayant, en général, que l’obligation de connaître les règles qui leur permettaient de tenir leur foyer en conformité avec la loi juive et d’avoir une vie et un comportement répondant aux exigences de celle-ci. Le responsum du rabbin Gross est d’autant plus intéressant que, rédigé selon les règles du genre par une autorité rabbinique venant d’un milieu ultra-orthodoxe, il prend non seulement acte de l’évolution générale de l’éducation des femmes mais, de plus, démontre à partir des règles de la loi juive (halakha), la nécessité de cette éducation. Nous avions demandé à Liliane, à partir des « bonnes feuilles » de son livre, de nous commenter ce responsum. Elle n’a malheureusement pas eu le temps de le faire, elle qui s’en alla un shabbat de « TouBichevat 3 », dans son sommeil de juste. Son mari, Henri Ackermann, a accepté d’écrire une introduction au responsum, de retraduire quelquesuns de ses passages et de rédiger quelques notes à ce sujet. Nous l’en remercions. Le texte ci-dessous reproduit donc un passage des « bonnes feuilles » de l’ouvrage de notre amie Liliane, avec les ajouts précités d’Henri complétés encore par quelques notes de notre part figurant sous le sigle « ndr ».


Le contexte


Depuis toujours, les différents courants se réclamant de l’orthodoxie ont eu des attitudes différentes vis-à-vis de l’émergence de nouveaux concepts et problématiques issus de l’évolution de la société et des progrès scientifiques. La culture se sépare du culte, du religieux, et pose d’autres questions au fur et à mesure de l’évolution sociétale. Chacun répondra à sa façon. On peut discerner schématiquement trois attitudes. Celles des gens arc-boutés sur le passé, niant presque les différences d’évolution qui apparaissent et qui sont pourtant parfois criantes. Il existe un autre courant qui cherchera à s’adapter à la nouvelle situation en concédant le minimum indispensable tout en continuant à penser que la société est en contradiction avec ce que la Torah demande. C’est une position en «a posteriori» (bediavad) qui semble vivre selon les nouvelles normes mais ne le fait qu’à regret et du bout des lèvres. Ce deuxième courant peut évoluer mais il veillera à s’écarter le moins possible de ce qui a été fait jusqu’à présent. C’est une position « communautariste » qui essaie de tirer son épingle du jeu le mieux possible, tout en campant sur ses positions.


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